Filmer son prochain
L’œil à la caméra, Thierry Augé est mu par le désir de rencontrer des gens ordinaires ou extraordinaires, de raconter avec pudeur un moment de leur vie, de les filmer à hauteur d’homme, de faire accoucher par le dispositif du tournage leur parole à elle-même. Et, ainsi, le spectateur se lie le temps du film avec cette jeune femme tourneuse sur bronze, ce clarinettiste virtuose et compositeur, ce professeur de direction d’orchestre. Chaque opus de son œuvre est un voyage, mot qui revient souvent quand on interroge le cinéaste. Mais, il n’est jamais question de pays lointains, seulement de lieux proches à explorer, un village du centre de la France, un conservatoire de musique, une salle de concert de la banlieue parisienne. D’ailleurs, comme pour se justifier, Thierry Augé affirme qu’il est plus compliqué de filmer son prochain que son lointain. Tout son cinéma du réel est réalisé au contact et à l’écoute de ce prochain, généralement au travail, car pour le cinéaste filmer le travail c’est ce qui est le plus intéressant avec les films d’amour. Cela aussi il l’a filmé avec sensibilité, quand Lucien et Antoinette flirtent tranquillement au café.
Laurent Pellé
Délégué général du festival
Thierry Augé est vidéaste, réalisateur, opérateur de prises de vue, il est aussi musicien amateur. Il a étudié le cinéma à l’université de Vincennes. Depuis de longues années, il consacre une grande partie de ses travaux à la musique, et a collaboré avec FR3, le CNRS Audiovisuel et l’Atelier de recherche d’Arte.
Filmographie sélective : La Lucarne (1989), la Roue (1993), La Sorcière ou le Collier de la Reine (1996), L’Atelier de restauration (1998), Juke Box Memories (2004), Quand les mains murmurent (2012), Ce qu’il faut de silence (2016).