A propos d’un été / A propos de Chronique d’un été

Samedi 19 mars 2016, de 10h30 à 13h30

Auditorium Jean Rouch – Musée de l’Homme (17 place du Trocadéro, 75016 Paris) Entrée libre

Rencontre avec le réalisateur Hernan Rivera Mejia , Monique Peyriere chercheure au Centre Pierre Naville (Evry/Paris-Saclay)  et au Centre Edgar Morin (IIAC-EHESS/CNRS), François Bucher réalisateur, Nadine Ballot protagoniste du film, et Edgar Morin (sous réserve). La discussion, à partir du film, sera animée par Laurent Pellé du Comité du film.

A propos d’un été 
France | 2012 | 127 minutes
un film de : Hernan Rivera Mejia (Pérou)
image : Hernan Rivera Mejia
montage : Laure Budin et Hernán Rivera Mejia
son : Hernan Rivera Mejia
image et son interview Michel Brault : Daniel Arié
post-production : Laure Budin et Felipe Jovet
production/distribution : Hernan Rivera Mejia, riverahernan72(at)yahoo.com
 
50 ans plus tard on retrouve quelques personnages et artisans du film documentaire « Chronique d’un été ». Que sont-ils devenus? Comment ce film a marqué leur vie? Quel regard portent-ils aujourd’hui sur cette expérience appelée « cinéma vérité »? Réponses…

Hernan Rivera Mejia est né en 1956 au Pérou. Il étudie le cinéma dans son pays et il y réalise quelques courts métrages et documentaires avant de venir en France en 1986 pour suivre les cours en cinéma et anthropologie de Jean Rouch à l’université de Nanterre, où il obtient un DEA. Filmographie : El último sueño (1975); En la calle (1976) ; Y después qué ?(1981) Désirée (1989) Mention spéciale du Jury au 8e Bilan du Cinéma Ethnographique, Paris, 1989 ; Tant métro poli (1997) ; Wayana. Entre deux rives (1997) ; Te quiero Pérou. Manuel Poirier (2000).

 
À PROPOS D’UN ÉTÉ
« Jean Rouch : Autrement dit, nous avons voulu faire un film d’amour et on aboutit à un film d’indifférence, en tout cas dans lequel… non, pas d’indifférence…
Edgar Morin : …non, les gens réagissent…
Jean Rouch  : … de réaction et de re-action qui n’est pas forcement une réaction sympathique…
Edgar Morin  : … c’est la difficulté de communiquer quelque chose. Nous sommes dans le bain… »
 
Jean Rouch et Edgar Morin sur les Champs-Élysées, sous la pluie, se disent au revoir pendant qu’on entend la question leitmotiv : « Est-ce que vous êtes heureux ? Êtes-vous heureux, monsieur ? »
Sur cette conclusion empreinte de déception, les auteurs – le sociologue Edgar Morin et le cinéaste-ethnologue Jean Rouch – signaient en 1960 la fin de leur aventure Chronique d’un été.
 
Une aventure cinématographique et humaine qui marquera fortement, par ses innovations techniques et narratives, le cinéma français, et le cinéma tout court. Avec une dynamique de travail assez révolutionnaire pour l’époque, une sorte de « work in progress » mis en abîme, des personnes d’âge et d’origine diverses s’expriment, parfois sur le ton de la confession, sur les questions de la vie, l’amour, le travail, la réalisation personnelle, la soumission ou la révolte, le bonheur en fin de compte.
 
Sur le plan éthique ou déontologique, le film laissera aussi de fortes empreintes : on n’avait jamais auparavant filmé des personnes s’exprimant sur leur vie de façon si intense et sincère sans tomber dans le voyeurisme. Et cela parce que les auteurs n’étaient pas seulement des meneurs de jeu, ils étaient également impliqués en tant que protagonistes dans la quête, les questionnements et les débats tout au long du film.
Porté par l’idée que ce film, compte tenu de toutes les questions qu’il soulève tant sur le plan cinématographique que sociologique se révèle d’une actualité surprenante, j’ai voulu cinquante ans plus tard revoir avec les mêmes protagonistes cette expérience unique baptisée par ses auteurs « cinéma vérité ».
 
On retrouve Nadine Ballot, Marceline Loridan, Jacques Gautrat, Edgar Morin et Jean-Pierre Sergent. Dans un premier moment, on essaie de parachever leurs portraits aujourd’hui, à l’écart de Chronique. Puis, progressivement et toujours à travers leurs témoignages, on va rentrer dans l’histoire du film : leur participation, leurs souvenirs, l’influence qu’il a eue dans leur vie, et la nature du regard qu’ils portent aujourd’hui sur le film, et sur eux-mêmes dans le film.
 
Enfin, pour mieux cerner la facture du film, on va intégrer les témoignages de Nena Baratier, une des monteuses, du directeur de production André Heinrich, et de Michel Brault, opérateur canadien, auteur des plus belles et surprenantes séquences de Chronique.

Dans un aller retour permanent entre présent et passé, ces témoignages vont se confronter mutuellement selon ce qu’ils évoquent, comme dans un jeu de miroirs, mais de miroirs brisés dont chaque morceau refléterait seulement une petite partie, dans une autre perspective ou sous un angle différent.

Ce film offre, sur le plan humain, les portraits de fortes personnalités, singulières chacune à sa manière. Et sur le plan cinématographique, il pose l’éternelle question concernant le réel : comment l’approcher ? Comment lui être fidèle ? Jusqu’où peut-on s’aventurer dans la mise en scène ? En somme, comment l’acte de filmer influe ou agit sur le réel.

Hernan Rivera Mejia (2012)