POUR UN CINEMA DIFFERENT, JEAN ROUCH ET LE PRODUCTEUR PIERRE BRAUNBERGER
vendredi 24 novembre 2017 14:30 - 16:45

Dans le cadre des festivités du centenaire de Jean Rouch, hommage ne peut qu’être rendu à Pierre Braunberger (1905-1990) sans qui Rouch aurait eu sans nul doute plus de difficultés à faire aboutir ses projets. Braunberger a commencé très jeune son métier de producteur avec des films des avant-gardes des années 1920-1930 et a joué un rôle important dans la production de films de la Nouvelle Vague. Grand admirateur de Gide, il a produit à 22 ans le film de Marc Allégret Voyage au Congo, manifestant ainsi son intérêt pour l’ethnographie et ses images. Il a par la suite pressenti l’originalité de la démarche de Rouch, notamment à l’occasion du Festival du film maudit de Biarritz en 1949 qui, créé sous l’impulsion de Jean Cocteau (avec le critique Jacques Doniol-Valcroze et son ciné-club avant-gardiste Objectif 49) et destiné « à mettre en lumière des films que leur métrage ou leur indifférence aux censures et aux exigences de l’exploitation maudissent à l’égal des livres de certains poètes » (Cocteau), attribuait à Initiation à la Danse des Possédés le Grand Prix du court-métrage. De manière courageuse, Braunberger proposait alors à Rouch de monter en long métrage et en 35mm (en Angleterre où la technologie était disponible), pour les faire connaître, sa série de films courts ethnographiques tournés au Niger et au Soudan français (futur Mali) au cours de missions scientifiques. Les Fils de l’eau inaugura ainsi une collaboration inédite (et jamais répétée depuis) entre un ethnologue cinéaste et un producteur généraliste. Elle fut si efficace et si essentielle qu’elle permit la réalisation de treize films parmi les plus célèbres de Rouch (dont les Maîtres fous, 1954 et Moi, un noir, 1959), avec six longs métrages produits entre 1952 et 1971 (date de sortie de Petit à petit) et Dionysos (1986) enfin, pour lequel les deux hommes s’étaient retrouvés, ces deux derniers films révélant quelques dissensions, sans que leur amitié et leur estime réciproque en soient toutefois affectées. Les très riches archives des Films du Jeudi / Films de la Pléiade / Films du Panthéon ont permis d’étudier la fabrique de Jaguar et de Petit à petit ainsi que la production des Veuves de 15 ans, voué à faire partie d’un film à sketches, coproduction internationale entre la France, le Canada, l’Italie et le Japon qui échouera.

 

La tenue de la table ronde permettra d’évoquer en compagnie de Gisèle Braunberger, épouse du producteur, d’Antoine de Baecque et de Laurent Pellé les circonstances de la rencontre de Rouch et de Braunberger et leurs années de travail en commun (les différentes versions des films, les relations avec le CNC et la Censure, etc.) à partir des archives et de quelques extraits de films, puis de discuter du tournage du film Dionysos sur lequel Gisèle Braunberger a été la directrice de production.

 

Programme établi par Catherine Papanicolaou (Arias-CNRS) et Laurent Pellé (délégué général du Festival international Jean Rouch).