Session 2 - Rouch et le cinéma américain des années soixante
jeudi 9 novembre 2017 11:30 - 13:00

Session 2 présidée par / Chair : Jamie Berthe et Paul Henley.

Inscription recommandée

Zoe Graham, New York University

Pour un cinéma démocratique : la pédagogie partagée de Jean Rouch et ses collègues américains

L’introduction de nouvelles technologies comme la caméra légère et le son synchrone ont amené à une révolution cinématographique dans les années 1960, permettant l’enregistrement spontané de la vie telle qu’elle était vécue, ainsi qu’un meilleur accès aux technologies cinématographiques pour ceux qui jusqu’à lors restaient en dehors du monde de cinéma. Souvent divisé en deux camps, ce mouvement est connu dans la tradition américaine sous le nom de «Direct Cinema» et promue par des cinéastes tels que Robert Drew et Ricky Leacock, tandis que la tradition française l’appelle “Cinéma Vérité”, une approche illustrée par Jean Rouch. Or, cette distinction ne prend pas en compte les influences réciproques de la pratique cinématographique des deux côtés de l’Atlantique. Cet article considère divers projets éducatifs en France et aux États-Unis à la fin des années 1960 et 1970. Le but était de rendre certaines techniques cinématographiques accessibles. Parmi les premières expériences en démocratisation des médias il y avait les cours de Jean Rouch à l’Université de Paris X – Nanterre, ainsi que les ateliers de James Blue et David MacDougall à la Rice University et les séminaires d’été de Ricky Leacock au MIT. Les communications entre ces cinéastes et la circulation de leurs pratiques pédagogiques constituent un terrain peu connu de l’échange entre Rouch et les États-Unis.

 

Sam Di Iorio, Hunter College

Désynchronisation de Rouch : Expérimentation en voix-off dans les années soixante-dix

Alors que l’influence du travail de Jean Rouch au début des années soixante sur le cinéma vérité américain est bien documenté, on connaît moins l’importance de son œuvre pour une autre pratique expérimentale qui se développait aux États-Unis à la même époque. C’est lors du Robert Flaherty Film Seminar de 1959 que les films de Rouch ont marqué ce que Jonas Mekas allait appeler le New American Cinema. Dans cette présentation je m’intéresse plus précisément à la façon dont Moi, Un Noir (1958) influence des expériences ultérieures en “voix off’ dans les projets de Shirley Clarke (A Scary Time, 1960), Kent Mackenzie (The Exiles, 1961) et Andy Warhol (Outer and Inner Space, 1965). Si le cinéma-vérité émergeait du désir de marier l’image et le son, ces artistes ont exploré les possibilités de la désynchronisation, afin d’accentuer la théâtralité, la spontanéité et le décalage temporel. Mackenzie et Clarke étaient présents aux projections de Flaherty en 1959. Cependant c’est moins la question de l’influence qui me préoccupe que la notion de relocalisation: en suivant le mouvement des innovations structurelles introduites par Rouch dans Moi, Un Noir, j’espère clarifier l’importance singulière de Rouch dans le contexte américain.

 

Steve Ungar, University of Iowa

Black Like … Repenser les films de l’époque des droits civils des États-Unis à travers Rouch

L’étude des traitements des interactions noir / blanc dans les films de Rouch des années 1950 et début des années soixante, en particulier Les maîtres fous (1955), Moi, un noir (1958), La Pyramide humaine (1961), et même Chronique d’un été (1961), m’amène à repenser les textes (Fanon, Malcolm X) et les films américains des années 1960, y compris Shadows de John Cassavetes (1959), Nothing but a Man de Michael Roemer (1964) et The Cool World de Shirley Clarke (1963). Dans cette présentation, je ferai part de mes réflexions en analysant les segments pertinents des films énumérés ci-dessus.