Festival international Jean Rouch 2015

Regards comparés : Taïwan / Compared views: Taïwan

Comme il est désormais de coutume depuis 2012, l’Inalco s’associe au Festival Jean Rouch pour une programmation des « Regards Comparés » consacrée, cette année, à Taïwan. Archipel cosmopolite à l’histoire tourmentée, Taïwan se situe à la fois géographiquement et culturellement au carrefour de plusieurs influences austronésiennes, chinoises, japonaises et occidentales. Les films sélectionnés constituent un kaléidoscope d’images étendu dans le temps et dans l’espace afin de donner une vision la plus complète possible de l’histoire de cette île.

Une première journée consacrée au passé permettra de découvrir des films amateurs des années 1930 à 1960, qui saisissent la vie quotidienne pendant la période coloniale japonaise (1895-1945) puis l’après-guerre. Dans cette section, nous avons également choisi de programmer Shonenko, un documentaire beaucoup plus récent mais dont les protagonistes sont les écoliers taïwanais envoyés travailler au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale ; poignant et saisissant, il reflète les relations ambiguës entre les Taïwanais et leurs anciens colons.

Les journées suivantes mettent à l’honneur plusieurs documentaristes : Hu Tai-li, anthropologue qui a ouvert la voie à une nouvelle façon de filmer les Aborigènes et revient sur les pas d’un vieux soldat (Stone Dream) ; Shen Ko-shang, auteur à la fois rêveur et toujours au plus près de ses personnages (Base-Ball Boys) ; Mahay Biho, un des rares documentaristes aborigènes qui pose sur sa communauté un regard neuf tout exposant ses failles (Children in Heaven) ; Jean-Robert Thomann, un cinéaste français installé à Taïwan depuis dix ans et qui capte sans préjugés les traditions taïwanaises (Les Vacances des fantômes) ou encore le combat des Aborigènes pour la sauvegarde de leur culture et de leur territoire à travers le portrait de trois musiciens engagés (Naluwan).

En conclusion de ces quatre journées, nous vous proposons un film exceptionnel, une des très (trop) rares fictions réalisées par une jeune cinéaste aborigène, Laha Mebow, qui dans Finding Sayun propose à la fois la relecture d’une légende – celle de la jeune Sayun morte en honneur de l’Empire japonais — et le portrait de sa tribu, prise entre désir de réussite sociale et mode de vie traditionnel, tout en développant une passionnante réflexion sur la position des Aborigènes face à la caméra.

Les réalisateurs Hu Tai-li, Mayaw Biho et Shen Ko-shang seront présents pour rencontrer le public à l’issue des projections.

Les thèmes mis à l’honneur cette année, tels que les défis environnementaux auxquels Taïwan est aujourd’hui confronté, les cheminements identitaires de groupes et d’individus aborigènes austronésiens dans un monde de plus en plus globalisé, l’histoire de Taïwan durant la période de gouvernance japonaise ou encore la culture taïwanaise des fantômes, esquisseront un portrait de cette île hybride, multiculturelle, en perpétuelle transformation et toujours singulière face à sa voisine chinoise.

Luisa Prudentino, professeure de langue et civilisations chinoises à l’Università del Salento (Lecce, Italie), chargée de cours en histoire du cinéma chinois à l’Inalco, à l’université d’Artois et à l’université de Lorraine

Gwennaël Gaffric, enseignant à l’université Lyon 2, docteur en études transculturelles et spécialiste de la littérature taïwanaise

Wafa Ghermani, docteure en histoire du cinéma, spécialisée en cinéma taiwanais, université de la Sorbonne nouvelle

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